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APPENDICE.

— Merci, fit Lionel.

Et ainsi, après avoir échangé encore quelques paroles, ils se séparèrent.

Bref, le jeudi arriva ; vers les six heures Mutio sortit, et s’arrêta à la maison d’un ami d’où il pouvait apercevoir tous ceux qui entraient chez lui. Il y vit bientôt entrer Lionel, et courut après lui ; à peine celui-ci avait-il eu le temps de s’asseoir que la servante cria de nouveau : « Voilà mon maître ! » L’excellente épouse, qui d’avance avait pris ses précautions contre les surprises, avait découvert un retrait caché entre les deux cloisons d’un plancher ; elle y fourre Lionel, et le mari arrive tout en sueur.

— Mon ami, dit-elle, qu’est-ce donc qui vous ramène si vite à la maison ?

— Ma foi, chère femme, c’est un affreux rêve que j’ai eu cette nuit et qui m’est revenu à la pensée. J’ai rêvé qu’un misérable était entré secrètement chez moi avec un poignard nu à la main et s’y était caché ; mais je ne pouvais pas découvrir l’endroit. Sur ce, j’ai saigné du nez, et m’en suis revenu ; et, par la grâce de Dieu, je fouillerai tous les recoins de la maison pour le repos de mon esprit.

— Faites, mon cher, je vous prie.

Sur ce, il ferme toutes les portes, et se met à fouiller chaque chambre, chaque trou, chaque coffre, chaque tonneau, et jusqu’au puits ; il poignarde les lits de plume et ravage tout comme un furieux, mais vainement. Il commença alors à blâmer ses yeux d’avoir cru voir ce qu’ils n’avaient pas vu, se mit au lit à demi lunatique, et resta éveillé toute la nuit ; si bien que vers le matin il tomba dans un profond sommeil, et alors on fit évader Lionel.

Le matin, quand Mutio s’éveilla, il se demanda par