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EXTRAIT DES ŒUVRES ITALIENNES DU BANDEL.

Lactance, que jamais il n’en aurait bon visage, et se plaignait de sa fortune qui lui avait amené si mal à propos son père. Mais la vieille la consolait avec ce mot que, si Lactance devait être le mari de Catelle, il n’y avait ruse, art, ni industrie, qui y pût donner empêchement, qu’elle se résolût de ne plus y penser, vu que les choses ne lui succédaient point aucunement selon ses desseins. Cependant que Nicole est en ces altères, et qu’elle se tourmente pour ne pouvoir mettre fin à son entreprise, voici son frère Paul qui s’en va voir la Catelle, là où il fit un beau ménage, se faisant connaître pour tel que la fille, ayant goûté ce qu’il savait faire, après s’être entre-promis la foi, le retint plus que l’un ni l’autre n’eussent voulu : car Gérard, père de Catelle, les trouva ensemble, et pensant de Paul que ce fût Nicole qui se fût déguisée en garçon pour voir son ménage, et le train de son logis, le caressa et recueillit trop plus familièrement que Paul ne souhaitait, craignant d’y souffrir sous ce nom de Nicole, chose qu’honnêtement on ne saurait dire : toutefois joua-t-il si accortement son personnage, qu’il se dépêtra des mains du vieillard, lui donnant pour tout paiement cette réponse que son père était venu, et qu’il la demandât en mariage, et lors il la pourrait baiser et caresser tout à son aise : et sorti qu’il est de ce péril, ne savait que penser qu’on l’eût pris pour ne sais quel Romule, sous la similitude duquel il aurait joui de la fille de Lanzetti, et lui le prenait pour sa sœur Nicole : mais, quoiqu’il en fût, il s’estimait heureux de telle rencontre, et n’acceptait pas à peu de chose de s’être accointé de Catelle, laquelle il avait pris en telle amitié qu’il ne tendait ailleurs que de la faire demander en mariage. Durant ceci Lactance cherchait son page partout, si marri de l’avoir perdu, qu’il n’en pouvait se contenter, tant il l’aimait à cause de son bon esprit et gentillesse, joint