Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 1.djvu/160

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surveillée, qu'aucun homme ne peut avoir accès auprès d'elle pendant le jour.

VALENTIN. — Eh bien alors, j'essayerais de. l'approcher de nuit.

LE DUC. — Oui, mais les portes sont verrouillées, et les clefs cachées en lieu sûr, si bien que personne ne peut pénétrer près d'elle la nuit.

VALENTIN. — Qu'est-ce qui empêche d'entrer par la fenêtre ?

LE DUC. — Sa chambre est tout en haut, très loin du sol, et la muraille offre si peu de prise qu'on ne peut l'escalader sans péril évident pour sa vie.

VALENTIN. — Une échelle de corde habilement faite, avec deux crochets pour l'attacher, suffirait pour escalader la tour d'une autre Héro, si un hardi Léandre voulait tenter l'aventure.

LE DUC. — Eh bien, par le sang qui te fait gentilhomme, daigne m'apprendre ou je pourrai trouver une échelle de ce genre.

VALENTIN. — Quand voudriez-vous vous en servir? dites-le-moi, seigneur, s'il vous plaît.

LE DUC. — Cette nuit même, car l'amour est comme un enfant qui aspire impatiemment à tout ce qui est à portée de son atteinte.

VALENTIN. - A sept heures, ce soir, vous aurez votre échelle.

LE DUC. — Mais, écoute-moi bien, je veux aller la trouver seul; quelle est pour moi la meilleure manière de transporter cette échelle ?

VALENTIN. — Elle sera d'un poids si léger, monseigneur, que vous pourrez la transporter sous un manteau d'une longueur raisonnable.

LE DUC. — Un manteau de la longueur du tien pourrait-il faire l'affaire?

VALENTIN. — Oui, mon bon seigneur.

LE DUC. — Laisse-moi voir ton manteau, alors; je m'en procurerai un d'une égale longueur.

VALENTIN. — N'importe quel manteau fera l'affaire, monseigneur.