Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/25

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18 COMME IL VOUS PLAIRA.

toi un succès éclatant, il cherchera à t’empoisonner, i’.l te fera tomber par trahison dans quelque piège et ne te lâchera jamais avant de t’avoir enlevé la vie par un moyen indirect ou par un autre ; car je te le déclare, et je te le dis presque avec des larmes, il n’y a pas à l’heure piresente, sous le soleil, quelqu’un d’aussi jeune qui soit aussi scélérat. Je parle de lui seulement comme un frière doit palier d’un frère ; mais si je te le montrais tel cpu’il est, il me faudrait rougir et pleurer, et toi il te faudirail pâlir et t’étonner.

CHARLES. — Je suis heureux de tout mon cœur d’être ■venu vous parler. S’il vient demain, je lui donnerai son compte : s’il marche tout seul désormais, je veux bien ne plus lutter de" ma vie pour le prix, et là-dessus, je prie Dieu de garder Votre Honneur. [Ilsort.)

OLIVIER. — Adieu, mon bon Charles. — Maintenant je vais remuer mon jouteur : j’espère que je vais en voir la fin ; car, je ne sais pourquoi, mon âme ne hait rien autant que lui. Et cependant il est aimable ; il n’a jamais été à l’école et il est instruit ; il est plein de nobles pensées ; il possède" un charme pour se faire aimer des personnes de toute condition, et il est si avant dans le cœur de tout le monde et spécialement de mes gens qui le connaissent bien, que je suis entièrement méprisé : mais cela ne durera pas plus longtemps ; ce lutteur va mettre fin à tout : il ne me reste plus rien à faire qu’à piquer d’honneur le bambin, ce que je vais immédiatement exécuter. (Il sort.)

SCÈNE IL

Une avenue devant le palais du duc.

Entrent ROSALINDE et CÉLIA.

CÉLIA. — Je t’en prie, Rosalinde, sois gaie, ma chirmante cousine.

ROSALINDE. — Ma chère Célia, je montre plus de gaiîté que je n’en possède et vous voudriez que je fusse en-