Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/394

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un gentilhomme. » Je jurerais que tu l’es ; ton parler, ton visage, ta tournure, tes actions, ton esprit, le donnent un quintuple blason. Pas trop vite ! doucement ! doucement ! il serait à craindre que le valet ne devînt le maître. Eh bien, qu’ai-je donc ? est-ce qu’on peut si vite attraper la peste ? il me semble que je sens les perfections de ce jeune homme se glisser dans mes yeux avec un mouvement invisible et subtil. Eh bien, soit ! — Holà, Malvolio !

Rentre MALVOLIO.

Olivia. — Cours après ce même entêté messager, cet homme du duc ; il m’a laissé cet anneau, malgré ma volonté ; dis-lui que je n’en veux pas. Prie-le de ne pas leurrer son maître et de ne pas entretenir ses espérances ; je ne suis pas pour lui : si ce même jeune homme veut revenir ici demain, je lui donnerai les raisons de ma conduite. File, Malvolio.

Malvolio. — Oui, Madame. (Il sort.)

Olivia. — Je ne sais pas trop ce que je fais, et je crains que mes yeux ne jouent auprès de mou âme le rôle de trop grands enjôleurs. Destinée, montre ta force : nous ne sommes pas les maîtres de nous-mêmes ; ce qui est décrété doit arriver, et puisse-t-il en être ainsi ! (Elle sort.)

Malvolio. — Me voici, Madame, à votre service.