Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/410

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Messire Tobie. — Voici venir la petite scélérate.

Entre MARIA.

Messire Tobie. — Eh bien ! comment ça va, mon ortie des Indes ?

Maria. — Cachez-vous tous trois derrière le berceau de buis ; Malvolio est en train de descendre cette allée ; il a passé là bas une demi-heure au soleil à donner des leçons de maintien à son ombre : observez-le, pour l’amour de la moquerie, car je suis sûre que cette lettre va faire de lui un idiot en extase. Cachez-vous, au nom de la plaisanterie ! (Les hommes se cachent et Maria jette une lettre à terre.) Repose-là, toi, car voici la truite qu’il faut prendre en l’amorçant.

(Elle sort.)
Entre MALVOLIO.

Malvolio. — Ce n’est que la fortune, tout est fortune. Maria m’a dit une fois qu’elle avait de l’affection pour moi, et je l’ai entendue elle-même dire à peu près, que si elle avait une passion, ce serait pour quelqu’un de ma tournure. En outre, elle me traite avec un respect plus marqué qu’aucun autre de ses serviteurs. Que dois-je en penser ?

Messire Tobie. — Voilà un présomptueux coquin !

Fabien. — Oh, chut ! L’extase en fait un rare dindon ; comme il se pavane sous ses plumes en éventail !

Messire André. — Morbleu, que je voudrais battre ce coquin !

Messire Tobie. — Paix, te dis-je.

Malvolio. — Être le comte Malvolio !…

Messire Tobie. — Ah, coquin !

Messire André. — Un coup de pistolet, un coup de pistolet sur lui !

Messire Tobie. — Paix, paix.

Malvolio. — II y en a des exemples ; la dame des Siracci épousa l’intendant de la garde-robe.

Messire André. — Fi de lui ! quel Jézabel !

Fabien. — Oh, chut : maintenant il y est en plein ; voyez comme l’imagination le gonfle !