Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/413

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Blesse mon cœur sans faire jaillir le sang : M, O, A, I, gouverne ma vie.

Fabien. — Voilà une énigme entortillée !

Messire Tobie. — C’est une admirable fille, vous dis-je.

Malvolio. — « M, O, A, I, gouverne ma vie ? » — Mais, avant tout, voyons un peu, voyons, voyons….

Fabien. — Ah ! quel plat de poison elle lui a servi là !

Messire Tobie. — Et de quel vol l’émouchet se précipite dessus !

Malvolio. — « Je puis commander là où j’adore ? » Parbleu, elle peut me commander ; je la sers, elle est ma maîtresse. Parbleu, c’est du dernier clair ; il n’y a là aucune obscurité : et la fin, — que peut bien signifier cet arrangement de lettres ? si je pouvais y découvrir une ressemblance avec mon nom. Doucement ! M, O, A, I.

Messire Tobie. — Ah ! oui, arrange un peu cela : voilà que son flair hésite sur la piste.

Fabien. — Ronflo va se mettre à aboyer sur cette trace ; quoique cette ruse sente aussi fort qu’un renard.

Malvolio. — M, Malvolio ; M, eh parbleu, c’est la lettre qui commence mon nom.

Fabien. — Ne vous avais-je pas dit qu’il y trouverait quelque chose ? le chien est excellent pour les mauvaises pistes.

Malvolio. — M, — mais alors ce qui suit ne s’accorde pas avec cette initiale ; cela cloche après examen : c’est un A qui devrait suivre, et c’est un O qui suit.

Fabien. — Et c’est un 0 qui terminera l’histoire, j’espère.

Messire Tobie. — Oui, ou je le bàtonnerai de manière à lui faire crier O.

Malvolio. — Et puis c’est I qui vient par derrière.

Fabien. — Oui, et si vous aviez un œil derrière vous, vous pourriez apercevoir plus de dénigrement à vos talons que de bonnes fortunes devant vous.

Malvolio. — M,O, A, I ; cette insinuation n’est pas