Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/436

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Scène V

La rue attenante an jardin d’Olivia.
Entrent Messire TOBIE BELCH et Messire ANDRÉ AGUECHEEK.

Messire Tobie. — Ma foi, mon cher, c’est un vrai diable ; je n’ai jamais vu un pareil fier à bras ; j’ai fait une passe avec lui, lame, fourreau et tout ; il m’a donné l’estocade avec un mouvement si dangereux que le coup est inévitable, et à la riposte il vous rend vos passes avec autant de sûreté que vos pieds touchent sûrement la terre sur laquelle ils posent : on dit qn’il a été maître d’armes du Sophi.

Messire André. — Nom d’une vérole, je ne veux pus avoir affaire à lui.

Messire Tobie. — Oui, mais maintenant il ne veut pas se laisser apaiser : Fabien là-bas peut à peine le retenir.

Messire André. — Peste soit de cette affaire ; si j’avais pensé qu’il fût vaillant et aussi habile à l’escrime, je l’aurais vu damné avant de le provoquer. Qu’il laisse tomber cette affaire, et je lui donnerai mon cheval, mon gris Capilet.

Messire Tobie. — Je vais lui faire cette proposition : restez ici, faites bonne contenance : cela se terminera sans perdition d’âmes. (À part.) Parbleu, je monterai votre cheval aussi bien que je vous monte.

Entrent FABIEN et VIOLA.

Messire Tobie, à part et à Fabien. — II me donne son cheval pour arranger la querelle : je lui ai persuadé que le jeune homme est un diable.

Fabien. — L’autre a de lui une opinion tout aussi terrible, et il tressaille et pâlit comme si un ours était à ses talons.