Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/444

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vaut autant être appelé un honnête homme et un bon ménager, qu’être appelé un homme austère et un grand savant. Voici les confédérés qui arrivent.

Entrent Messire TOBIE BELCH et MARIA.

Messire Tobie. — Jupiter te bénisse, Monsieur le curé.

Le Bouffon. — Bonos dies, Messire Tobie ; car comme le disait très-spirituellement à une nièce du roi Gorboduc, le vieil hermite de Prague qui n’avait jamais vu plume ni encre, ce qui est, est ; en sorte que moi, étant Monsieur le curé, je suis Monsieur le curé ; car qu’est-ce que cela, si ce n’est cela, et qu’est-ce qui est, si ce n’est ce qui est ?

Messire Tobie. — Sus sur lui, Messire Topas.

Le Bouffon. — Hé, holà, dis-je ! La paix soit dans cette prison !

Messire Tobie. — Le drôle se déguise bien ; un bon drôle.

Malvolio, de l’intérieur. — Qui appelle ?

Le Bouffon. — Messire Topas le curé qui vient pour visiter Malvolio le lunatique.

Malvolio, de l’intérieur. — Messire Topas, Messire Topas, mon bon Messire Topas, allez trouver Madame.

Le Bouffon. — Sors, démon hyperbolique ! comme tu tourmentes cet homme ! ne parles-tu de rien que de dames ?

Messire Tobie. — Bien dit, Monsieur le curé.

Malvolio, de l’intérieur. — Messire Topas, jamais homme ne fut outragé à ce point : mon bon Messire Topas, ne pensez pas que je sois fou : ils m’ont déposé ici dans des ténèbres hideuses.

Le Bouffon. — Fi, déshonnête Satan ! je te donne des noms modérés, car je suis un de ces hommes polis qui traitent le diable lui-même avec courtoisie : tu dis que ta demeure est noire ?

Malvolio, de l’intérieur. — Comme l’enfer, Messire Topas.

Le Bouffon. — Comment, elle a des lucarnes transparentes