Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1870, tome 7.djvu/438

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Caïus, pour porter un bandeau ! Plût au ciel que vous ne fussiez pas malade !

Ligarius. — Je ne suis pas malade, si Brutus est en voie d’exécuter quelque exploit digne du nom d’honneur.

Brutus. — C’est un tel exploit que je suis en voie d’exécuter, Ligarius, si vous aviez pour l’apprendre une oreille en santé.

Ligarius. — Par tous les Dieux, devant lesquels se courbent les Romains, je donne ici congé à ma maladie ! Ô toi, qui es l’âme de Rome ! brave fils issu de reins pleins d’honneur ! comme un exorciste, tu as su évoquer mon âme anéantie. Ordonne-moi maintenant de courir, et je lutterai avec, des choses impossibles, et, qui mieux est, j’en triompherai. Qu’y a-t-il à faire ?

Brutus. — Une œuvre qui de tous les hommes malades fera des hommes bien portants.

Ligarius. — Mais n’y a-t-il pas quelques hommes bien portants que nous devons rendre malades ?

Brutus. — C’est ce que nous devons faire aussi. Ce qu’est cette œuvre, mon Caïus, je te le révélerai, pendant que nous nous rendrons près de celui sur qui elle doit être exécutée.

Ligarius. — Ouvrez la marche ; c’est avec le cœur embrasé d’une flamme toute nouvelle que je vous suis pour faire je ne sais pas quoi : mais il me suffit que Brutus me conduise.

Brutus. — Suis-moi en ce cas. (Ils sortent.)



Scène II

Rome. — Une salle dans le palais de CÉSAR.


Tonnerre et éclairs. Entre CÉSAR en robe de chambre.

César. — Ni le ciel, ni la terre n’ont été en paix cette nuit ; trois fois Calphurnia s’est écriée dans son