Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1870, tome 7.djvu/447

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Décius. — Où est Métellus Cimber ? Qu’il s’avance, et présente immédiatement sa requête à César.

Brutus. — Il est prêt ; faites foule à ses côtés et secondez-le.

Cinna. — Casca, c’est à vous à lever le premier la main.

Casca. — Sommes-nous tous prêts ?

César. — Quelle chose irrégulière César et son sénat ont-ils aujourd’hui à redresser ?

Métellus. — Très-haut, très-grand et très-puissant César, Métellus Cimber jette aux pieds de ton siège un humble cœur… (Il s’agenouille.)

César. — Je suis obligé de te devancer, Cimber. Ces génuflexions de chien couchant et ces basses révérences pourraient fouetter d’orgueil le tempérament des hommes ordinaires, et les pousser à faire dégénérer en lois d’enfants les règles préétablies et les décrets antérieurement rendus. N’aie pas la sottise de croire que César porte un cœur assez vain pour que son énergie fonde sous l’influence des choses qui attendrissent les imbéciles, c’est-à-dire, les doux mots, les profondes courbettes, les viles caresses d’épagneul. Ton frère est banni par décret ; si tu t’inclines, si tu pries, si tu me cajoles à son sujet, je te repousse du pied hors de mon chemin, comme un chien. Sache que César ne commet pas d’injustice, et que ce n’est pas davantage sans de bonnes raisons qu’il se laisse fléchir.

Métellus. — N’y a-t-il pas de voix plus digne que la mienne, et qui puisse faire retentir plus agréablement à l’oreille du grand César une sollicitation pour le rappel de mon frère banni ?

Brutus. — Je baise ta main, mais non par flatterie, César, et j’exprime le désir que Publius Cimber obtienne de toi la permission immédiate de revenir.

César. — Quoi, Brutus !

Cassius. — Pardonne, César, pardonne : Cassius s’incline aussi bas que ton pied pour solliciter l’affranchissement de Publius Cimber.

César. — Je pourrais certainement être ému, si j’étais comme vous ; les prières pourraient m’émouvoir, si j’étais