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ACTE I, SCÈNE II.

son frère Valentin ; mon oncle Capulet, sa femme et ses filles ; ma belle nièce Rosaline ; Livra ; le signior Valentio et son cousin Tebaldo ; Lucie et la vive Héléna. » (Il lui remet le papier.) Une belle réunion. Où toutes ces personnes doivent-elles se rendre ?

LE VALET. — En haut [1].

ROMÉO. — Où ça, pour souper ?

LE VALET. — A notre maison.

ROMÉO. — La maison de qui ?

LE VALET. — Celle de mon maître.

ROMÉO. — En effet, j’aurais dû commencer par te demander qui est ton maître.

LE VALET. — Maintenant, je vais vous le dire sans que vous me le demandiez : mon maître est le riche et puissant Capulet ; si vous n’êtes pas de la maison des Montaigu, venez., je vous prie, avaler un verre de vin. Dieu vous tienne en joie. (Il sort.)

BENVOLIO. — À cette même ancienne fête des Capulets, la belle Rosaline que tu aimes tant, soupe avec toutes les beautés admirées de Vérone : vas-y, et d’un œil sans préjugés compare son visage avec quelques-uns de ceux que je te montrerai, et : je te ferai convenir que ton cygne est un corbeau.

ROMÉO. — Si mes yeux oublient leur religion au point de soutenir une telle fausseté, que les larmes se changent en feu, et que dans leurs flammes ils soient brûlés comme menteurs, ces transparents hérétiques, qui ont été si souvent noyés sans mourir ! Quelqu’une de plus belle, que ma bien-aimée ! Le soleil qui voit tout ne vit jamais sa pareille depuis le commencement du monde.

BENVOLIO. — Bah ! vous l’avez vue belle parce, que personne n’était à côté d’elle ; c’est elle qui se pesait contre elle-même dans la balance de vos yeux : mais placez dans cette balancé de.cristal la beauté de votre Dame contre celle de quelque autre jeune fille que je vous mon-

  1. Peut-être y a-t-il ici une erreur d’impression. Up, dit le valet, en haut, et Roméo, semble entendre sup, souper.