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ACTE I, SCÈNE II.

        Un vieux lièvre à barbe,
        Un vieux lièvre à barbe,
        Est un bon mets en temps de carême ;
        Mais un lièvre à barba,
        Est trop pour la force de vingt personnes,
        S’il prend la barbe avant d’être mangé13.

Roméo, venez-vous chez votre père ? nous y allons dîner.

ROMÉO. — Je vous suis.

MERCUTIO. — Adieu, ancienne Dame, adieu. (Il chante.) Madame, Madame, Madame14 (Sortent Mercutio et Benvolio.)

LA NOURRICE. — S’il vous plaît, Messire, quel est ce marchand impertinent qui tient boutique si bien montée en sottises ?

ROMÉO. — Un gentilhomme qui aime à s’entendre parler, nourrice, et qui dit plus de paroles en une minute qu’il n’en écouté en un mois.

LA NOURRICE. — S’il s’avise de dire quelque chose contre moi, je l’arrangerai de la belle façon, quand il serait plus railleur qu’il ne l’est, lui et vingt Jacquots de son espèce ; et si je ne le puis pas par moi-même, je trouverai qui le pourra. Méchant drôle ! je ne suis pas une de ses coureuses, moi ; je ne suis pas une de ses associées, moi. — Et toi, tu es là à rester coi, et tu permets que le premier drôle venu en use avec moi à son plaisir ?

PIERRE. — Je n’ai vu personne en user avec vous à son plaisir ; si je l’avais vu, mon arme aurait été bien vite dehors, je vous en réponds : je dégaine tout aussi vite qu’un autre, quand j’en vois l’occasion dans une querelle juste et que j’ai la loi de mon côté.

LA NOURRICE. — Vrai, j’en jure par Dieu, je suis tellement hors de moi que tout mon corps en tremble. Méchant drôle ! — Je vous en prie, Messire, un mot comme je vous le disais, ma jeune maîtresse m’a ordonné de vous chercher ; ce qu’elle m’a commandé de vous dire, je le garderai pour moi : mais d’abord, laissez-moi vous