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ACTE I, SCÈNE II.

LA NOURRICE. — Bien, Messire ; ma maîtresse est la plus charmante Dame.... Seigneur ! Seigneur ! quand elle vous était un petit être babillard.... Oh, il y a dans la ville, un noble, un certain Paris, qui voudrait bien monter à l’abordage, armes en avant ; mais elle, la bonne âme, aimerait pétant voir un crapaud, un vrai crapaud, que le voir. Je la fais mettre quelquefois en colère, en lui disant que Paris est l’homme qui lui convient le mieux ; mais je vous le déclare, quand je lui dis cela, elle devient pâle comme le linge le plus blanc du monde entier. Est ce que Romarin et Roméo ne commencent pas ; tous deux par la même lettre15?

ROMÉO. — Oui, nourrice ; qu’est-ce que tu veux en conclure ? tous deux commencent par un R.

LA NOURRICE. — Ah, moqueur c’est le nom du chien ; R commence Roquet16. Mais je sais bien moi que ça com, mence par une autre lettre, et elle tient de si jolis, propos sur vous et le : romarin que ça vous ferait du bien à entendre17.

ROMÉO. — Recommande moi à ta Dame.

LA NOURRICE. — Oui, mille fois. (Sort Roméo) : Pierre !

PIERRE. — Voilà !

LA NOURRICE. — Passe devant et marchons vite. (Ils sortent.)


SCÈNE V

Le jardin de CAPULET.
Entre JULIETTE.

JULIETTE. — L’horloge sonnait neuf heures lorsque j’ai fait partir la nourrice : elle m’avait promis d’être de retour dans une demi-heure. Peut-être ne peut-elle pas le trouver : — mais non, cela n’est pas. — Oh ! elle est boiteuse ! les hérauts de l’amour devraient être les pensées qui courent dix fois plus vite que les rayons du soleil repoussant les ombres sur les cimes des collines sombres : c’est pourquoi ce sont des colombes aux ailes agiles que