Entre l’heure où l’on soupe et l’heure où l’on se couche ?
Approche, Philostrate, intendant des plaisirs !
Par quels amusements, ballet comique, drame,
Farce spirituelle,
Nous feras-tu tromper cette attente cruelle ?
Seigneur, vous n’avez qu’à choisir ;
En voici le programme.
Le terrible combat des Centaures, chanté
Par un chanteur comique, seul,
Sur une lyre athénienne.
Non, je ne pense pas que ce récit convienne,
Car moi-même, en l’honneur d’Hercule, mon aïeul,
Je vous l’ai maintes fois conté.
Le soulèvement des Bacchantes
Qui massacrent Orphée et lui coupent la tête.
C’est une pièce ancienne ; elle est fort éloquente ;
Je l’ai vue au retour d’une de mes conquêtes.
Les Muses pleurant la Science
Morte dans la misère. Une œuvre satirique !
Ce n’est pas le moment d’y donner audience…
Scène ennuyeuse et courte, et farce pathétique
De Pyrame et Thisbé… La fantaisie est roide !
C’est de la glace chaude, ou de la chaleur froide !
Et, vraiment, je n’ai pas encore
Entendu plus étrange accord de désaccords !
Je préviens monseigneur que l’œuvre est sans finesse,
Et tout à fait déraisonnable !
Bien qu’elle soit la plus courte que je connaisse
Elle paraît interminable !