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Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/24

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HERMIA
Que faites-vous ici, belle Hélène ? Hélas, non,
HÉLÈNE

Que faites-vous ici, belle Hélène ? Hélas, non,
Belle Hélène n’est pas le nom
Dont on m’appelle !
Il réveille toutes mes peines.
Démétrius vous trouve belle,
Ô bienheureuse de lui plaire !
Chère beauté, vos yeux sont deux étoiles claires,
Et votre voix ressemble à celle
De l’alouette, quand son chant
Dont le berger s’étonne,
Vibre sur le blé vert des champs
Et l’aubépine qui boutonne.
Ah, pourquoi la beauté, pareille aux maladies,
N’est-elle pas contagieuse ?
Ma voix prendrait la mélodie
De votre voix harmonieuse,
Mon œil votre regard, ma lèvre vos sourires !
Oui, si je possédais l’empire
Du monde, avec quelle gaîté
— Mon Démétrius excepté ! —
J’abandonnerais tout pour être à votre place !
Hélas, dites-moi donc ce qu’il faut que je fasse
Pour émouvoir aussi son cœur ?

HERMIA

Le sais-je ? Il dit qu’il m’aime
Quand je lui montre même
Un visage moqueur.

HÉLÈNE
Ah, que ne puis-je apprendre à montrer ce visage !…