Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/48

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OBÉRON

Donne ! Je connais près d’ici,
Dans un coin d’ombre où poussent
Les violettes sous la mousse,
Une retraite qu’ont masquée
De leurs feuilles légères.
Les églantines, les fougères,
Et les roses musquées.
C’est là que la couleuvre abandonne sa peau
Juste assez étoffée
Pour faire le fourreau
D’une robe de fée.
Titania, parfois, y cherche le repos
D’un sommeil embaumé, bercé par la cadence
Des chansons et des danses.
Quand j’aurai sur ses yeux pressé cette liqueur.
De fantasques désirs vont affoler son cœur.
Toi, prends-en quelque peu !… Cherche, sous la futaie,
À découvrir les pas errants
D’une belle enfant rebutée
Par un jeune homme indifférent.
Que ton adresse coutumière
En humecte les yeux de ce mauvais garçon ;
Mais, arrange-toi de façon
Qu’en se rouvrant à la lumière
Ce soit bien cette enfant qu’ils revoient la première !
Tu le reconnaîtras à sa toge de laine…
Va donc ; et rends-le moi plus amoureux d’Hélène
Qu’elle n’est éprise de lui !…
Tu me rejoindras sous ce hêtre
Avant que l’aurore n’ait lui.