Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/78

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DÉMÉTRIUS

Oses-tu mettre en doute une sincérité
Que tu n’as jamais eue ?… Ah, tu voudrais me nuire ;
Mais tu me le paierais !… Prends garde,
Il peut t’en cuire !…
Voici ta bien-aimée !… Elle approche ; regarde !…


Entre HERMIA.
HERMIA

[La nuit sombre qui rend les choses invisibles
Sous son voile mystérieux,
Fait notre oreille plus sensible
De ce qu’elle enlève à nos yeux…]
Ce ne sont pas mes yeux qui t’ont trouvé, Lysandre,
Dans cette ombre encore épaissie ;
C’est mon oreille, et je l’en remercie !
C’est elle qui m’a fait entendre
Ta voix !… Mais pourquoi ce départ ?
Pourquoi t’en aller sans m’attendre ?…

LYSANDRE

Reste-t-on, quand l’amour vous appelle autre part ?

HERMIA

Quel peut être l’amour qui loin de moi t’entraîne ?

LYSANDRE

L’amour qui fait brûler Lysandre pour Hélène !
Hélène qui répand dans la nuit qui nous voile
Plus de feux que les yeux de toutes les étoiles !…
Pourquoi me suis-tu de la sorte ?
Ne t’ai-je pas assez prouvé
Que ce qui m’a fait me sauver
C’est la haine que je te porte ?…