Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/84

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HÉLÈNE

Adorable pudeur ! Exquise convenance !
Croyez-vous arracher à mes lèvres honnêtes
De pareilles impertinences ?
Hypocrite ! Marionnette !

HERMIA

Marionnette !… Ah, oui ; je comprends ! Je devine !
Elle aura comparé sa stature à la mienne ;
Sa grandeur ridicule à ma taille moyenne !
C’est sa hauteur qui le domine !
On lui plaît donc pourvu qu’on soit démesurée !
Les petites sont trop vilaines !
Me prends-tu donc pour une naine,
Grande perche peinturlurée ?…
Va ! Je ne suis pas naine à ce point que mes mains
Ne t’arrachent les yeux !…Messieurs, calmez sa rage !

HÉLÈNE

Ne t’arrachent les yeux !…Messieurs, calmez sa rage !
Moquez-vous, mais soyez humains !
Je n’ai pas son talent à lancer les outrages ;
Non, messieurs, voyez mon émoi !
Je reconnais n’avoir pas le moindre courage ;
Aussi ne croyez pas que ma force l’évite
Encore qu’elle soit
Plus petite
Que moi !

HERMIA

Plus petite ! Vous l’entendez !…Ne soyez point

HÉLÈNE

Plus petite ! Vous l’entendez !…Ne soyez point
Menaçante, Hermia ! Cessez de m’en vouloir !
Vous ai-je jamais nui, consciemment du moins ?