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THÉSÉE

Cherchez le forestier !… Car voici terminée
La célébration des rites coutumiers ;
Et je veux, pour ouvrir cette belle journée,
Que le concert de mes limiers
Soit votre aubade matinale !…
Découplez-les dans la vallée occidentale !
Allez chercher le garde !… Et nous, chère compagne,
Du sommet de cette montagne,
Cependant qu’ils détalent,
Nous entendrons rouler en grondement d’émeute,
Les cent voix de l’écho qui répond à la meute !

HIPPOLYTE

Un jour, avec Hercule et Cadmus, j’ai chassé
L’ours dans les bois de Crête !
Ils avaient des limiers de Sparte, bien dressés…
Quel fier vacarme et quelle fête !
Non seulement les bois, mais le ciel et les sources,
Et le pays entier tremblaient sous la tempête
De leurs abois et de leurs courses !

THÉSÉE

Ma meute en compte aussi, d’une race pareille !
Leur lenteur est pleine de force ;
Leur poil est roux, leur gueule est large ; leurs oreilles
Pendent dans la rosée ; ils ont les jambes torses ;
Le fanon qu’on voit aux taureaux de Thessalie ;
Et, tel un carillon, lorsque leurs voix s’allient
Pour fêter la curée au fond du crépuscule,
Jamais plus mâle accord
Ne répondit au cor
De Cadmus ou d’Hercule !…
Vous pourrez en juger ; nous allons les entendre !…

Mais… que vois-je ?… Seigneur… c’est ma fille !… Et Lysandre !…