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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

sont pas, alors que peut-être ils sont de nature à produire un effet contraire.

Ne faites jamais le mal en vue de produire le bien, songez toujours à autrui autant qu’à vous-même, réfléchissez prudemment aux résultats avantageux ou fâcheux que peut produire votre conduite, alors que vous vous en irez en poussière dans la tombe. Soyez loyaux, francs, et vous serez redoutables pour vos ennemis. Un ami ne peut vous défendre, quelle que soit sa sympathie pour vos souffrances, si vous avez recours à des procédés que la vertu et la justice désapprouvent.

Il n’est pas de cause qui soit en elle-même aussi chère à la liberté que la vôtre. Bien des intérêts vous sont confiés ! Vos efforts peuvent porter bien loin l’espérance ou le désespoir ; dès lors ne dissimulez point dans les ténèbres des maux qui devraient faire rougir la face du jour et celle des tyrans qui somnolent à sa chaleur.

La violence a-t-elle jamais réussi ?

La Révolution Française, bien qu’entreprise avec les meilleures intentions, a donné de fâcheux résultats, pour le peuple, parce qu’on a eu recours à la violence. La cause que l’on défendait était celle de la vérité, mais on lui donna l’aspect du mensonge en adoptant des méthodes qui servaient les intérêts des fourbes aussi bien que ceux qu’on visait.

Exprimez hardiment, audacieusement votre pensée. Jamais Irlandais ne fut accusé de lâcheté. Ne laissez pas supposer qu’il passe pour être un lâche. Qu’il dise ce qu’il pense. Un mensonge est l’acte