Page:Shelley - Œuvres poétiques complètes, t3, 1887, trad. Rabbe.djvu/59

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PETER BELL III

PROLOGUE

Les Peter Bell un, deux et trois, sont errants sur le vaste monde. Le premier, l’aîné des Peter, affublé d’habillements de la même mesure, ce long vêtement prédestiné dont s’affubla aussi le second Peter pour faire son chemin ; — toute l’ambition de celui-ci est d’enchaîner la proposition, comme le moyen terme relie les deux extrêmes (il avait appris cela dans les thèmes d’Aldrich) (1), en préservant du crime de schisme l’orthodoxe syllogisme ; — le premier Peter était comme l’ombre dans le miroir du second, avant même qu’il fût de ce monde, son substantiel antitype (2). Puis vint Peter Bell le Second, que l’on doit considérer désormais comme le corps d’une double âme, et cette portion du tout, sans laquelle le reste ressemblerait aux bouts d’un rêve disjoint (3). Le troisième est celui qui, sur la tombe, a été forcé de passer de l’autre côté, qui est (allez y voir) juste comme celui-ci. Peter Bell Premier fut un Peter plus coquet, plus civilisé, plus délicat, plus soigné, comme l’âme avant qu’elle passe de l’autre monde dans celui-ci. Peter Bell le Second,

(1) Manuel de Logique classique alors suivi dans les Universités anglaises. (2) Le Peter Bell de Reynolds parut avant celui de Wordsworth, dont il était une satire anticipce. (3) Le Peter Bell de Wordsworthi, sans lequel les satires de Reynolds et de Shelley seraient inintelligibles.