Page:Shelley - Frankenstein, ou le Prométhée moderne, trad. Saladin, tome 1.djvu/200

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loppé d’une obscurité impénétrable. Je repassai dans mon esprit les évènemens que j’avais jusqu’ici cherché à oublier : la marche entière de mes progrès vers la création, l’apparition auprès de mon lit de l’être que j’avais formé et animé, et enfin son départ. Deux ans s’étaient presqu’écoulés depuis la nuit où il avait reçu la vie ; était-ce son premier crime ? Hélas ! j’avais jeté dans le monde un monstre dépravé, qui se plaisait dans le carnage et la désolation ; n’était-il pas l’assassin de mon frère ?

On ne peut se figurer tout ce que je souffris pendant le reste de la nuit que je passai en plein air, mouillé et transi de froid. Mais je ne sentais pas les injures du temps ;