Page:Shelley - Frankenstein, ou le Prométhée moderne, trad. Saladin, tome 3.djvu/188

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vie, pour qui les soucis sont nouveaux, et le désespoir inconnu, comment pouvez-vous comprendre ce que j’ai éprouvé et ce que j’éprouve encore ? Le froid, le besoin et la fatigue étaient les moindres maux que j’eusse à supporter ; j’étais maudit par un mauvais génie, et je portais toujours avec moi mon enfer ; mais cependant un bon génie a suivi et dirigé mes pas, et au moment où je me plaignais le plus, il me dégageait tout-à-coup des difficultés qui paraissaient insurmontables. Quelquefois, lorsque la nature succombait épuisée par la faim, je trouvais dans le désert un repas qui m’était destiné, et qui me rendait la force et le courage. C’était une nourriture grossière,