Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/134

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vous lui rendrez le plus signalé service en lui donnant l’occasion de se justifier, et vous m’ôterez tout souci. Voyons, vous ne pouvez pas me refuser… (Il remonte.) Ici, derrière ce paravent, ce sera… Hein ! que le diable m’emporte ! il me semble qu’il y a déjà quelqu’un… J’en jurerais, j’ai aperçu un cotillon.

Joseph. — Ah ! ah ! ah ! Ma foi, c’est assez ridicule, je vais vous dire, sir Peter, bien que je tienne un homme à intrigues pour quelque chose de fort méprisable, cependant, vous savez, il ne s’ensuit pas non plus qu’on puisse être un Joseph dans toute la force du terme. Écoutez, c’est une petite modiste française… une sotte drôlesse que j’ai sur le dos… Elle tient un peu à sa réputation et, à votre arrivée, monsieur, elle s’est sauvée derrière le paravent.

Sir Peter. — Ah ! Joseph ! Joseph ! Qui aurait cru cela de vous ?… Mais, pardieu, elle a surpris tout ce que j’ai dit de ma femme.

Joseph. — Oh ! ça n’ira pas plus loin, vous pouvez y compter.

Sir Peter. — Non ? Alors, ma foi, qu’elle entende jusqu’au bout… Voici un cabinet qui fera aussi bien mon affaire.

Joseph. — Bon, entrez-y.

Sir Peter, entrant dans le cabinet. — Ah ! sournois ! mauvais sujet ! sournois !

Joseph. — Je l’échappe belle, en vérité ! et voilà une drôle de situation, séparer ainsi le mari et la femme.