Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/72

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Lady Sneerwell. — Allez, vous êtes un monstre !

Mrs Candour. — Mais, assurément, vous ne voudriez pas déployer autant de sévérité contre ceux qui se bornent à rapporter ce qu’ils ont entendu dire ?

Sir Peter. — Si, Madame, pour ceux-là aussi, je voudrais une loi comme en matière de commerce. Toutes les fois qu’une médisance étant lancée, on ne pourrait en retrouver l’auteur, je voudrais que les parties lésées eussent leur recours légitime contre chacun des endosseurs. (Entre un domestique, qui lui parle bas).

Crabtree. — Eh bien, pour moi, j’estime qu’il n’y a pas de fumée sans feu.

Lady Sneerwell. — Venez-vous, mesdames, jouer aux cartes dans le salon à côté ?

Sir Peter, au domestique. — Je suis à eux dans la minute. (À part.) Esquivons-nous. (Le domestique sort.)

Lady Sneerwell. — Sir Peter, vous n’allez pas nous quitter ?

Sir Peter. — Vous m’excuserez, Madame ; une affaire particulière me réclame. Mais je laisse ma réputation derrière moi. (Il sort.)

Sir Benjamin. — Eh bien, vrai, lady Teazle, Votre mari est un drôle de corps. Je pourrais vous dire sur son compte quelques histoires qui vous feraient rire de bon cœur, mais c’est votre mari.

Lady Teazle. — Oh ! je vous en prie, cela ne fait rien… Pourquoi pas ? Allons, venez, racontez-les moi. (Elle rejoint avec sir Benjamin le