Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/91

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Ma sœur, le souvenir qui porte des couronnes
          Dont le sang a forgé les fleurs,
Dans le cortège noir des cris qui l’environne
          N’appartient plus à la douleur.

Sois devant lui, ma sœur, comme au pied des collines,
          Vers l’auréole des sommets.
Marche ! Passe le fleuve et le torrent d’épines !
          Le beau chef que Bellone aimait

Monté sur un coursier sellé par un archange
          T’apparaîtra les bras ouverts !
Ne compte pas le temps. De la terre à la grange
          Règne l’espace de l’hiver.

Marche ! La route est longue et dure. Et ta jeunesse,
          Pour étreindre l’éternité,
Doit passer ses épis de joie et de tendresse
          Aux meules de la sainteté.

Ma sœur, mets en lambeaux ta robe nuptiale !
          Le lin de Dieu t’attend là-haut !
Marche dans les rayons de la forêt royale
          Qui tend vers toi ses purs rameaux.