Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/169

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L’ordre, la propreté, la candeur, l’harmonie,
Des livres & des fleurs, un goût sûr & charmant,
Mais surtout une paix, une paix infinie
Comme dans un tableau hollandais ou flamand.

Du seuil jusqu’au salon & jusqu’à la cuisine,
Tout rassérène & plaît. Même on dirait qu’ici
Plats creux & pots ventrus ont plus hautaine mine,
Tant ils sont reluisants contre le mur noirci.

Soulevant les rideaux du doigt, elle se penche
Et regarde, malgré qu’on n’y puisse plus voir ;
Dans la pièce voisine elle a, de sa main blanche,
Tout préparé déjà pour le repas du soir.

Elle revient souffler les bûches dans les cendres,
Car le vent froid du nord redouble avec la nuit,
Et, sans cesse inventant de petits soins plus tendres,
Retourne sur la rue épier chaque bruit.

À la porte soudain elle court & s’empresse
D’aller ouvrir : « — Enfin, ce sont ses pas, c’est lui ! »
Il entre & c’est alors maint propos de tendresse :
« — Oh ! viens vite, mon Dieu ! qu’il est tard aujourd’hui ! »