Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/161

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je ne répondis point, et me contentai de sourire. Nous passâmes ainsi une grande heure, après quoi on nous servit une collation sous un maronnier pleureur, dont les branches retombaient jusqu’à terre et dessinaient un cintre vert au-dessus de nos têtes. Je compris alors pourquoi Hania ne voulait pas venir à Oustchitsy : ce n’était pas pour me contrarier, mais pour des raisons plus sérieuses.

En effet, madame d’Ives, en tant que Française issue d’une vieille famille noble, se regardait comme appartenant à une caste plus élevée que l’institutrice française et, encore plus, que l’allemande des Oustchitski. Ces dernières à leur tour agissaient de même à l’égard de Hania : elle n’était pour elles que la fille d’un simple domestique. Madame d’Ives était trop bien élevée pour se conduire ainsi, mais les gouvernantes montraient pour Hania un dédain évident, frisant l’impolitesse. C’étaient là de vilaines