Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/185

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dont les mains sont enchaînées. Que pouvais-je faire ? Tuer Sélim, bousculer leur canot et les noyer tous les deux, et me tuer ensuite ; mais je ne pourrais arracher du cœur de Hania son amour pour Sélim, ni la conquérir sans violence.

Ce sentiment d’une colère impuissante, la conviction qu’il n’y avait aucun moyen d’arranger les choses, me tourmentaient à cette heure plus que tout le reste. J’ai toujours eu honte de pleurer, même lorsque j’étais tout seul, et plus la douleur m’arrachait violemment les larmes des yeux, plus mon orgueil les refoulaient à toute force. Mais cette fois une rage impuissante me brisait, et je pleurai à sanglots.

Je pleurai longtemps, et j’en éprouvai enfin un certain soulagement ; ma pensée cessa de tourbillonner, mes pieds et mes mains se refroidirent ; je me sentais tout à fait mal. Je reconnus confusément que la mort approchait peut-être, c’est-à-dire la tranquillité