Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/195

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pelait celui de la statue du Commandeur.

Sélim me lança un coup d’œil perçant, qui me pénétra jusqu’au fond de l’âme :

— Que veux-tu dire ? demanda-t-il.

— D’abord que je resterai ici, et ensuite, que tout ne se pardonne pas.

Si nos domestiques n’eussent pas assisté à cette conversation, Sélim aurait tâché d’éclaircir l’affaire. Mais je ne voulais pas donner d’explications, tant que je n’aurais pas entre mes mains des preuves plus convaincantes. Je remarquai seulement que si mes dernières paroles avaient troublé Sélim, elles alarmaient aussi Hania. Sélim retarda encore le moment du départ sous des prétextes plus ou moins plausibles, et, saisissant une minute propice, me chuchota à voix basse :

— Monte à cheval et reconduis-moi. Je veux te parler.

— Ce sera pour une autre fois, répondis-je à haute voix. Aujourd’hui, je ne me sens pas bien disposé.