Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/198

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d’aller voir le vieux Mirza à Khojéli. Le vieillard, touché de ce que j’étais venu exprès pour lui, m’accueillit comme un père ; mon intention était pourtant tout autre, je voulais examiner de près le portrait du terrible colonel de cavalerie légère, du temps de Sobieski. Et quand je vis ces yeux de mauvais augure qui avaient l’air de vous suivre partout, je me rappelai aussi mes aïeux, dont les portraits étaient suspendus chez nous dans une salle, l’air sévère et tout bardés de fer.

Sous l’influence de ces impressions, mon esprit en arriva à un état d’exaltation étrange. La solitude, l’éternel silence, les rapports étroits avec la nature, tout cela aurait dû agir sur moi et me tranquilliser, mais je portais toujours un poison en moi-même. Par instants, je me livrais à des rêveries qui ne faisaient qu’empirer ma situation. Souvent, étendu dans quelque recoin sombre de la forêt ou couché au fond du canot,