Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/200

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je ne sais, car elle avait de grands motifs de supposer que je m’intéressais à Lola Oustchitska, — Hania, dis-je, faisait aussi tous ses efforts pour me consoler. Mais j’étais si peu communicatif avec elle qu’elle ne pouvait s’empêcher de témoigner quelque crainte quand je me tournais de son côté. Mon père lui-même, ordinairement sévère et froid, tâchait de m’égayer, de m’intéresser par quelque chose et de deviner mon secret. Souvent il commençait avec moi une conversation qui, à son avis, pouvait me plaire. Une fois, après le dîner, il sortit avec moi dans la cour et me dit en me regardant :

— Est-ce que tu n’as pas pensé à une chose ? Je voulais te le demander depuis longtemps déjà : ne trouves-tu pas que Sélim tourne un peu trop autour de Hania ?

Dans des conditions ordinaires, j’aurais dû me troubler et me faire prendre au piège, comme on dit ; mais j’étais dans une telle