Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/208

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convulsif. Mes yeux se troublaient, ma tête tournait, la terre semblait se dérober sous moi. Mais fût-ce au prix de ma vie, je voulais savoir ce qu’ils allaient se dire ; je repris donc un peu d’empire sur moi-même, j’appuyai encore plus fortement mon front contre le treillage, et j’écoutai.

Tout était silencieux ; mais au bout d’un moment, Hania parla la première :

— C’est assez, dit-elle, assez ! Je n’ose plus vous regarder en face. Partons d’ici.

Et détournant la tête, elle tâcha de s’arracher de l’étreinte de Sélim.

— Oh ! Hania, comme je suis heureux ! s’écria celui-ci.

— Partons d’ici. Quelqu’un vient.

Sélim bondit de sa place, les yeux brillants, les narines frémissantes.

— Que tout le monde vienne. Je t’aime, et je le proclamerai à la face de tous ! Je ne sais moi-même comment cela s’est fait. J’ai lutté, j’ai souffert, parce qu’il me semblait qu’Henri