Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/236

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Le soleil se cacha enfin derrière les nuages épais et jaunâtres, qui menaçaient d’éclater en orage. À l’ouest retentirent quelques roulements éloignés, précurseurs de la bourrasque prochaine.

L’air étouffé et moite était tout chargé d’électricité ; les oiseaux se cachaient sous les chaumes ; seules les grues continuaient à voleter tranquillement ; les feuilles pendaient immobiles aux arbres ; de la cour des étables arrivait le mugissement plaintif des vaches, revenant des pâturages. Une certaine angoisse triste étreignait la nature entière. Le prêtre Ludvig ordonna de fermer les fenêtres.

Je voulais arriver à Oustchitsy avant l’orage, aussi j’allai donner l’ordre d’atteler les chevaux. En sortant de la pièce, je vis Hania se lever, puis revenir à sa place ; elle pâlissait et rougissait alternativement.

— Ah ! comme on étouffe ! dit-elle en agitant son mouchoir.

Son trouble augmentait à vue d’œil.