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L’OFFRANDE DU VILLAGE.

Le soir, il me prépara tout avec une sollicitude touchante dans sa gaucherie.

Il fallait voir ce lourd garçon marcher sur la pointe des pieds, ouvrir soigneusement ma valise, déposer une à une mes paperasses comme s’il eût touché les ailes d’une libellule.

Quand je fus couché, il alla prendre sa grande fourrure de mouton, l’étendit par terre dans la petite entrée qui précédait ma chambre et se coucha en travers de la porte qu’on ne pouvait ainsi franchir sans lui passer sur le corps.

On le sentait pénétré de sa mission qui consistait à veiller sur moi et sur ma santé débile. C’est ce qu’il faisait avec conviction. Peut-être sentait-il aussi que là-bas, loin du pays natal, c’est en sa personne que tout mon peuple aimé se concentrerait à mes yeux.