Page:Silvestre - Les Renaissances, 1870.djvu/44

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée


Ce qui reste des morts, hélas ! ce n’est rien d’eux,
S’ils gisent tout entiers en leurs débris hideux,
Ou s’ils n’ont que nos vains souvenirs pour revivre.

Et si leur âme, éparse entre les floraisons,
S’exhale tout entière aux cimes des gazons,
Ce qui reste des morts, c’est l’effroi de les suivre.


IV


Sans cesse refoulé, sans cesse jaillissant,
Aux flancs de la Matière entrouvrant des gerçures,
Un flot profond et sourd perle, comme le sang
Que filtrent lentement les vieilles meurtrissures.

C’est la source sacrée où, pas à pas, descend,
Pour y boire en silence et laver ses blessures,
Le troupeau des vivants saignant sous les morsures
Dont le Temps, dur pasteur, les déchire en passant.