Page:Silvestre - Les Renaissances, 1870.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


C’est la Vie inconnue, éternelle et profonde
Dont vous vivez encore et fécondez le Monde,
O frères que pleurait la pâle humanité !

Car, après l’agonie et les adieux suprêmes,
Ce qui reste de vous est plus grand que vous-mêmes,
O Morts dont l’âme errante emplit l’immensité !


V


Sans pitié ni souci du rêve audacieux
Qui promet au Néant notre âme tout entière,
L’infatigable Écho promène sous les cieux
La plainte de l’Esprit que trahit la Matière.

Sous les sens révoltés, une voix prisonnière
S’accroît et les défie, et leur chant orgueilleux
Traîne, sans l’étouffer, à l’oreille des dieux,
Cet éternel sanglot qui sort de la poussière.