Page:Silvestre - Les Renaissances, 1870.djvu/60

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Réveille mes yeux morts, ô Cruelle, ô Lumière,
Soleil d’un firmament ou lampe d’un tombeau,
Rallume ta splendeur sur l’autel large et beau
Où fume encor l’encens de ma ferveur première,

Que renaissent en toi, sous mes regards jaloux,
Tes Beautés, visions que nulle ombre n’efface,
O Pâleur, ô Clarté nocturne de ta face !
O Douceur de tes yeux si mortellement doux !

O Langueur, cieux lointains que ton front rêve encore !
O Rougeur de ta lèvre ouverte sur les cieux !
O Charme enveloppant tes traits délicieux !
O Parfums, souffle errant sur tes fraîcheurs d’aurore !

O Gloire de mon Rêve, à jamais mise en toi,
Forme exquise et puissante en mon cerveau dressée,
Incarne-toi dans l’ombre où t’étreint ma pensée :
— Reprends ton corps auguste — et ne meurs qu’après moi !



Villiers, juin 1866.