Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/237

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XIII. Une Grève

 
À Feyen Perrin.

LE ventre dans le sable et le front dans la main,
Sur la rive marine elle reste accoudée !
Son doux poids a creusé les rondeurs de son sein
Dans la grève amollie et par le flux ridée.

Elle est nue et le ciel la revêt de clarté.
De grands rochers debout au loin font sentinelle,
Et les oiseaux de mer battent l’air autour d’elle,
Sans troubler un moment son immobilité.

Femme, à qui songes-tu sur la plage déserte
Où le vent du matin balaye l’algue verte,
Où la grève gémit sous le flot qui la mord ?

Si jeune, tu n’es pas Ariane délaissée ?
Il vient, celui, qu’attend ta rêveuse pensée...
Ou, s’il tarde à venir, — pleure, c’est qu’il est mort !