Page:Silvestre de Sacy - Calila et Dimna, ou Fables de Bidpai, 1816.djvu/37

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qui étoit la plus concise, qui offroit le moins d’allusions à la religion, aux opinions, à la littérature des Arabes, dont le récit enfin étoit plus simple, devoit être préférée, non précisément comme la meilleure, mais du moins comme celle qui devoit représenter le plus fidèlement l’ouvrage d’Abd-allah. Le manuscrit qui m’offroit cette rédaction étoit aussi le plus ancien, et il méritoit encore la préférence sous divers autres rapports. Malheureusement il avoit plusieurs lacunes assez mal restituées, et dans quelques endroits le récit paroissoit tronqué, soit par la négligence du copiste, soit par la faute d’un manuscrit plus ancien sur lequel a été copié celui-ci. Dans ces différens cas, j’ai eu principalement recours à deux manuscrits qui ont beaucoup de rapports entre eux, et dont la rédaction me semble tenir le second rang dans l’ordre des temps. Les autres manuscrits, ainsi que la version Persane de Nasr-allah, et la version Hébraïque, ou la traduction Latine qu’en a faite Jean de Capoue, m’ont servi assez souvent pour fixer mon choix entre les diverses leçons.

L’ordre des chapitres de la version Arabe n’est pas le même dans tous les manuscrits. Je ferai connoître ces différences.

À la tête de la version Arabe du livre de Calila, se trouve, et dans mon édition et dans presque tous les manuscrits, une introduction attribuée à un personnage appelé Behnoud, fils de Sahwan, et plus connu sous le nom d’Ali, fils d’Alschah Farési. Si ces noms ne sont pas supposés, cette introduction est l’ouvrage d’un Persan. Je ne la crois pas fort ancienne, parce qu’elle ne se trouve ni dans la version Persane de Nasr-allah, ni dans la version Grecque de Siméon Seth, ni dans la traduction Hébraïque attribuée au rabbin Joël[1].

  1. Le nom d’Alschah donné au père de Behnoud ou Ali m’avoit d’abord paru fort extraordinaire ; mais il n’est pas sans exemple. J’ai trouvé dans le ڪـتـاب الفهرست, ou Catalogue des écrivains Arabes des premiers siècles de l’hégire (Man. Ar. de la bibl. du Roi, n.° 874, fol. 208 recto), un homme de lettres, auteur de divers ouvrages, qui est appelé ابن الشـاه الظــاهـرى , fils d’Alschah Dhahéri, et dont le nom entier est انو الفسم على نن محمد بن الشاه الظاهـرى Abou’lkasem Ali, fils de Mohammed, fils d’Alschah Dhahéri. L’auteur ajoute qu’il descendoit d’Aschah, fils de Mical. Il se pourrait que Behnoud fut de cette même famille.