Page:Silvestre de Sacy - Calila et Dimna, ou Fables de Bidpai, 1816.djvu/70

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envoyé dans le Décan par Acbar : rappelé par ce prince, il fut assassiné dans la route par une troupe de Rajepoutes, soudoyés par Djihanguir, en l’année 1011 de l’hégire.

Abou’lfazl a composé une histoire d’Acbar qu’il a conduite jusqu’à la quarante-septième année du règne de ce prince, et qui a servi de guide à Férischtah, pour cette partie de son histoire de l’Indoustan. Cette histoire d’Acbar est connue sous le nom d’Acbar-namèh اڪبر نامه ; elle est divisée en trois parties, et la troisième partie, appelée Ayini Acbari آيين آڪبر, est une description historique et statistique de l’empire Mogol. Dans cette troisième partie, Abou’lfazl parlant de la bibliothèque d’Acbar, et des livres que ce prince se faisoit lire ordinairement, s’exprime ainsi :

« Nasr-allah Moustavfi et Mevlana Hosaïn Vaëz avoient fait des traductions Persanes du livre de Calila et Dimna ; mais comme elles étoient remplies de métaphores outrées, et quelles étoient écrites d’un style difficile à entendre, S. M. ordonna à l’auteur du présent ouvrage d’en faire une nouvelle traduction du persan (plus littéralement, de le revêtir d’une nouvelle robe du persan) : il a intitulé cette traduction Eyari danisch, c’est-à-dire, le Parangon ou la Pierre de touche de la science. »

Abou’lfazl répète la même chose, mais d’une manière plus détaillée, dans la préface de sa nouvelle traduction. Après y avoir fait, non sans tomber dans diverses erreurs, l’histoire du livre de Calila jusqu’au temps d’Acbar, il ajoute :

« Les regards bienfaisans du souverain de notre siècle… Djélal-eddin Acbar, empereur conquérant, étant tombés sur ce livre, ce chef-d’œuvre d’éloquence, ce recueil où sont offertes, sous le masque de la fable, les maximes de l’ancienne sagesse, eut le bonheur de plaire à Sa Majesté. Aussitôt le serviteur de cette cour, Abou’lfazl, fils de Mobarec, dont l’humble soumission est sans bornes, reçut l’ordre de faire une nouvelle rédaction de l’Anvari Sohaïli, dans un style clair, en conservant l’ordre primitif du livre, mais en retranchant certaines expressions, et raccourcissant les périodes de trop longue haleine… : car,