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L’ÉCRIN DISPARU

Le prix de vente lui ayant été déterminé, le Père Laurendeau devait être lui-même l’agent de la transaction. Un mois ne s’était pas encore écoulé depuis l’ordre reçu, que le brave homme arrivait à Montréal pour rendre compté de l’heureux succès de son entreprise.

Père Laurendeau, lui dit le Maître, je vous félicite et vous remercie : je vois avec plaisir que vos talents pour les fonctions d’agent d’immeuble ne le cèdent en rien à vos aptitudes pour la chasse, la pêche ou le jardinage.

Je n’ai eu qu’à me féliciter de vous ; vos vingt années de francs et loyaux services vous font considérer comme membre de ma famille. Il s’agit maintenant pour moi de savoir, si vous aurez le courage de dire un sincère adieu à Bellerive, à ses bois, à ses ours, aux poissons du lac Nominingue : en aurez-vous le courage ?

— Le sacrifice sera dur, et pour nul autre que pour vous, Monsieur, je n’y consentirais…

— Je vous reconnais bien là mon brave ; permettez-moi de vous serrez la main et en vous remerciant de vous glisser ce témoignage de ma profonde gratitude. Voyez-vous, mon ami, maintenant que Lucie est absente, cette solitude témoin d’un bonheur perdu me pèse, voilà pourquoi j’ai fait une nouvelle acquisition ici-même, sur les bords du lac St-Louis entre Dorval et Pointe-Claire.

Une superbe résidence d’été au centre d’un parc magnifique a capté mes sympathies. Je l’ai baptisée le « Parc des Cyprès ». La vue du lac, l’agrément de ses rives ombragées, la variété des sites qui s’offrent aux yeux dans un lointain superbe, ont fixé le choix de plusieurs familles américaines, qui s’y sont établies, et en ont fait le centre de leur tourisme dans le « Québec ».

Puisque vous consentez à demeurer avec nous, je vous établis grand fermier-horticulteur de mon nouveau domaine, comptant sur votre bon goût et votre esprit d’initiative pour en parfaire tous les agréments. Depuis mon deuil surtout, je sens la nécessité des secours extérieurs pour m’aider à vaincre cette mélancolie qui m’envahit à mon insu.

— On fera l’impossible. Monsieur, pour rencontrer vos désirs et semer un peu de gaieté au milieu de vos tristesses. Monsieur Giraldi qui dès les premiers beaux jours s’était installé avec les siens au « Parc des Cyprès » se chargea de diriger lui-même les travaux d’aménagement et d’embellissement.

Tout au bord du lac, un pavillon ombragé par un groupe d’érables de haute futaie, lui était particulièrement cher. Au