Page:Sincère - Le Sorcier de Septêmes (paru dans Le Roman, journal des feuilletons Marseillais), 1873.djvu/14

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— Allons ! bourre, allons ! mange et bois ; cela vaudra mieux que de me faire des amitiés après m’avoir brutalisée.

— Le diable me crève si c’est vrai, répliquait Ambroise en continuant à fourrager sa moitié. Les querelles, vois-tu, me font l’effet d’un plomb sur l’estomac. Après le repas, ça m’arrête la digestion aussi promptement que j’arrête mon cheval, et avant le repas, ça me coupe l’appétit aussi net que le rasoir de ton amoureux le gratte-couenne.

— Allons ! encore le barbier, dit Catherine en le repoussant, et en reprenant son air fâché de tout à l’heure — c’est ta bête noire décidément.

— Dame ! il te fait la cour, c’est certain, et tu ne t’y prêtes que trop, à mon avis. Cependant, je ne crois à rien de mal au moins. Quand on a une fille de dix-sept ans qu’il faut songer à établir, on ne songe pas à la bagatelle, n’est-ce pas ?…

— Que tu es donc nigaud de t’occuper de pareilles bêtises.

— Oh ! je te répète, je n’y ajoute aucune importance… mais n’importe… Ce mirliflor me tarabuste et tu feras bien de le remettre à sa place à la première occasion. Autrement c’est moi qui m’en chargerai. J’ai là justement un brin de houx qui ne demanderait pas mieux, j’en suis sûr, que de faire sa connaissance.