Page:Sincère - Le Sorcier de Septêmes (paru dans Le Roman, journal des feuilletons Marseillais), 1873.djvu/9

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— Eh bien ! merci de ta complaisance ! Puisque tu ne veux pas t’occuper de me faire souper, je vais m’en occuper moi-même.

Cela dit, Ambroise ouvrant le buffet, le fouilla des yeux fit de même dans tous les endroits qu’il croyait susceptibles de receler quelques victuailles, et ne découvrant rien :

— Zéro ! dit-il, toujours zéro !… Ah ! que je suis naïf ! s’écria-t-il tout à coup. Et mes saucissons qui sont dans la cendre au cellier ?… et mon jambon qui est suspendu à la maîtresse-poutre ?…

Il prit aussitôt un grand couteau de cuisine et disparut par la porte par laquelle il était entré.

Catherine, qui s’était subitement arrêtée en l’entendant exprimer son intention de souper en dépit de ses rebuffades, et qui avait suivi de l’œil tous ses mouvements, revint vers le milieu de la chambre dès qu’il en fut sorti, et murmura entre ses dents avec une angoisse évidente :

— Quel contre-temps !.. Oh ! j’en suis toute saisie… Comment faire maintenant ?… Ah !… cette porte ?… Oui, mais celle de la salle donnant sur la place est fermée à double tour et les verrous en sont poussés. On ne pourrait donc y toucher sans faire du bruit… D’ailleurs, il va revenir à la minute… Oh ! quelle perplexité !…

Ce disant, elle regardait tour à tour du côté du lit et du côté de la porte de la salle, puis, paraissant prendre une décision subite :

— Bah ! qui ne risque rien n’a rien. Je ne pourrais, vivre ainsi plus longtemps.

Alors elle s’avança vivement de cette porte et allait l’ouvrir lorsque son mari reparut.