Page:Sincère - Le Sorcier de Septêmes (paru dans Le Roman, journal des feuilletons Marseillais), 1873.djvu/25

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Andronic, la bouche pleine, tendit son verre qu’Ambroise remplit jusqu’au bord.

— Oh ! lui, s’écria -dessus Marcel en souriant, il est toujours prêt à prendre. C’est son métier d’avocat qui veut ça.

Ah !… Monsieur est avocat ?… dit Ambroise, dont la curiosité s’éveilla à ce mot.

— J’ai du moins l’intention de l’être et je travaille en conséquence, répondit Andronic, la fourchette un instant immobile et l’œil rutilant de satisfaction. Mon aïeul l’était, mon père l’a été après lui, et je veux comme eux porter la toge et le rabat.

— Bel état ! observa Ambroise.

— Du reste, continua Andronic. j’ai tout ce qu’il faut pour réussir dans la partie. De l’œil, du geste et des poumons à parler, plaider et tonner trois jours durant sans perdre haleine. Joignez à cela des poings à ébranler la barre aux moments épineux ou pathétiques. Ce serait bien le diable si, avec tout cela réuni, je ne faisais pas promptement mon chemin.

— Je vous le souhaite, Monsieur, je vous le souhaite, dit cordialement Ambroise, et tenez, moi qui vous parle, si jamais j’ai un procès, ce qu’à Dieu ne plaise, je vous promets ma pratique. Puis-je sans indiscrétion vous demander votre nom ?