Page:Smith - Le commerce du coton dans l'Inde, trad Émion, 1863.djvu/45

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avoir serait d'augmenter le poids au détriment de la qualité, et c'est aussi l'intérêt de tous ceux par les mains desquels il passe. Ce système vicieux de traiter les affaires a, plus que toute autre cause, retardé l'amélioration du coton de l'Inde. Il anéantit toute espèce d'encouragement à la production d'une meilleure qualité, et retient les récoltes, d'année en année, à un niveau invariable d'imperfection.

La cause originaire du mode précité de contracter les ventes de coton a été la pauvreté des fermiers, qui les obligeait à vendre leurs récoltes d'avance ; ce motif a en grande partie disparu, et la plupart des fermiers pourraient, s'ils le voulaient, vendre leur coton après l'avoir récolté. Mais l'ancienne coutume prévaut encore, presque avec la même force ; le fermier vend encore sa récolte sur pied; vraiment les prix énormes du coton l'y encouragent, car le fermier craint une baisse, et veut s'assurer, pour sa récolte, les prix élevés, tandis qu'ils durent encore. Rien ne contribuerait plus à améliorer la qualité du coton de l'Inde que l'abandon de ce mode de vente, mais il est tellement enraciné dans les habitudes du peuple, qu'il sera très-difficile de l'abolir. Certains faits annoncent cependant que ce système perd du terrain. Ainsi, dans le Broach, beaucoup de fermiers n'ont pas vendu cette année leurs produits, mais les envoient sur le marché au fur et à mesure qu'ils sont prêts, et probablement, à la première saison où le prix du coton diminuera, beaucoup de fermiers garderont leur récolte, car ils peuvent le faire maintenant; et ils sont tellement habitués aux prix élevés, qu'ils lutteront pendant quelque temps avant de se soumettre à un cours moins avantageux.

Mais une autre cause a, plus que toute autre, contribué, depuis deux ans, à amoindrir la réputation des cotons de l'Inde, c'est la falsification systématique. Pendant la dernière saison particulièrement, ce mal a pris des proportions effrayantes, et l'histoire du commerce de l'Inde n'a probablement jamais eu à enregistrer l'expédition d'autant de matières étrangères et malpropres mêlées au coton. On peut presque affirmer qu'un quart de la récolte totale était tellement falsifié, qu'il