Page:Smith - Le commerce du coton dans l'Inde, trad Émion, 1863.djvu/84

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destinée à l'irrigation des terres. Chacune de ces roues est mue par une paire de bœufs, et le petit filet d'eau qu'elle amène arrive dans les champs par des canaux de terre. Le pays entier est une plaine parfaitement unie, de sorte que l'eau peut être conduite à plusieurs milles si l'on veut, et l'on peut submerger les champs à une profondeur uniforme de quelques pouces. En Egypte, tout dépend de l'irrigation; là où l'on ne peut avoir d'eau, est le désert, et de grandes parties du territoire qui étaient autrefois très-peuplées ne sont aujourd'hui que des solitudes où l'on ne voit que du sable. L'Égypte, en réalité, n'est qu'une bande de terre fertile, formant la vallée du Nil ; tout, en dehors de cela, n'est qu'un désert impraticable. Aucune récolte, en Egypte, ne dépend de l'irrigation autant que le coton. D'autres produits, tels que les céréales, peuvent croître, s'ils sont arrosés à de rares intervalles; mais le coton, pour que le rendement soit bon, a besoin d'être arrosé presque tous les huit jours, du moment des semailles à celui de la récolte. La quantité n'en dépend pas seule, mais aussi la qualité du produit; car, là où l'irrigation est insuffisante, la soie est courte et sèche, tandis que, là où l'eau est abondante, la soie est longue et douce. La quantité de coton que peut produire ce pays dépend donc des facilités d'irrigation plus que de toute autre circonstance.

Ces remarques générales étant faites, examinons plus particulièrement maintenant la condition actuelle du commerce du coton en Egypte. Les prix élevés des deux dernières années ont, comme on peut le supposer, donné une remarquable impulsion à ce commerce. Avant la crise, alors que les prix étaient ordinaires, à 7 ou 8 pence (72 à 83 c), le coton était une récolte lucrative, peut-être plus que toute autre en Egypte; mais depuis que les prix ont triplé, elle est devenue excessivement avantageuse. Un acre de terre médiocrement cultivé donne 25 livres sterling (625 fr.) de produit, et, cultivé avec habileté, il rapporte jusqu'à 50 livres sterling (1,250 fr.), valeur à laquelle on n'arrive guère dans aucune partie du monde. Il en résulte que la récolte de coton, cette année, y est de 30 p. 100 environ plus considérable que l'année dernière, et