Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/131

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valeur des quantités égales d’or et d’argent à différentes époques[1].

Les princes et les gouvernements se sont souvent imaginé qu’il était de leur intérêt du moment de diminuer la quantité de métal pur contenu dans leurs monnaies ; mais on ne voit guère qu’ils se soient jamais imaginé avoir quelque intérêt à l’augmenter. En conséquence, je crois que chez toutes les nations, la quantité de métal pur contenue dans les monnaies a été à peu près continuellement en diminuant, et presque jamais en augmentant. Ainsi, les variations de cette espèce tendent presque toujours à diminuer la valeur d’une rente en argent.

La découverte des mines de l’Amérique a diminué la valeur de l’or et de l’argent en Europe. On suppose communément, je crois, sans preuve bien certaine, que cette diminution continue toujours graduellement et qu’elle doit durer encore pendant longtemps. D’après cette supposition donc, les variations de ce genre sont plus propres à diminuer qu’à augmenter la valeur d’une rente en argent, quand même on la stipulerait payable, non en une quantité de pièces de monnaie de telle dénomination, comme en tant de livres sterling, par exemple, mais en une certaine quantité d’onces d’argent pur ou à un titre déterminé.

Les rentes qu’on s’est réservées en blé ont conservé leur valeur beaucoup mieux que celles stipulées payables en argent, même dans le cas où la dénomination de la monnaie n’a pas souffert d’altération. Par le statut de la dix-huitième année d’Élisabeth[2], il a été réglé qu’un tiers des rentes de tous les baux des collèges serait réservé en blé, payable soit en nature, soit au prix courant du marché public le plus

  1. L’argent est une marchandise qu’on tire des pays étrangers ; c’est l’agent d’échange parmi toutes les nations civilisées, et il se distribue en tout pays dans des proportions qui changent par l’effet de tout perfectionnement dans le commerce et dans les machines, et par la difficulté croissante d’avoir des subsistances et des objets de première nécessité pour la consommation d’une population qui va en augmentant ; voilà la source des variations continuelles auxquelles il est sujet. En posant donc les principes qui règlent la valeur et les prix échangeables, on devrait soigneusement distinguer ce qui, dans ces variations, appartient à la marchandise même, d’avec ce qui provient d’un changement dans l’agent de la circulation qui sert à estimer la valeur, ou à exprimer le prix. Ricardo.
  2. L’usage adopté en Angleterre pour citer les lois, est de les désigner par l’année du règne, tous les actes passés pendant le cours d’une session du parlement étant comptés pour un statut, et l’acte particulier étant indiqué par le numéro du chapitre.