Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/169

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çante[1] a le même effet qu’un secret dans un genre de commerce ou de fabrication. Les monopoleurs, en tenant le marché constamment mal approvisionné et en ne répondant jamais pleinement à la demande effective, vendent leurs marchandises fort au-dessus du prix naturel ; et que leurs bénéfices consistent soit en salaires soit en profits, ils les font monter beaucoup au-delà du taux naturel[2].

Le prix de monopole est, à tous les moments, le plus haut qu’il soit possible de retirer. Le prix naturel ou le prix résultant de la libre concurrence est au contraire le plus bas qu’on puisse accepter, non pas à la vérité à tous les moments, mais pour un temps un peu considérable de suite. L’un est à tous les moments le plus haut qu’on puisse arracher aux acheteurs, ou le plus haut qu’on suppose qu’ils consentiront à donner ; l’autre est le plus bas dont les vendeurs puissent généralement se contenter, pour pouvoir en même temps continuer leur commerce.

Les privilèges exclusifs des corporations, les statuts d’apprentissage[3] et toutes les lois qui, dans les branches d’industrie particulière, restreignent la concurrence à un plus petit nombre de personnes qu’il n’y en aurait sans ces entraves, ont la même tendance que les monopoles, quoique à un moindre degré. Ce sont des espèces de monopoles, étendus sur plus de monde, et ils peuvent souvent, pendant des siècles et dans des professions tout entières, tenir le prix de marché de quelques marchandises particulières au-dessus du prix naturel, et maintenir quelque peu au-dessus du taux naturel tant les salaires du travail que les profits des capitaux qu’on y emploie.

Des renchérissements de ce genre, dans le prix de marché, dureront aussi longtemps que les règlements de police qui y ont donné lieu.

  1. Sur les effets des monopoles, voyez la troisième partie du chap. vii du liv. IV, et presque tout le liv. IV, sur les diverses sortes de monopoles.
  2. Le profit découlant d’un monopole repose précisément sur le même principe que la rente : un monopole produit artificiellement ce qui, dans les cas de la rente, est amené par des causes naturelles. Il restreint l’approvisionnement du marché jusqu’à ce que le prix se soit élevé au-dessus du niveau des salaires et du profit. C’est par une semblable restriction dans l’approvisionnement que la rente augmente. Le monopoleur, comme le déclare le Dr. Smith, n’élève pas les salaires et le profit au-dessus de leurs taux naturels ; mais il prélève un excédant au-dessus des salaires et du profit. Buchanan.
  3. Voyez la section deuxième du chap. x de ce livre.